La Gaspésie est entourée deau, au nord par le fleuve Saint-Laurent, à lest par le golfe du même nom et au sud par la Baie des Chaleurs. Cette péninsule, deux fois grande comme lÎle-du-Prince-Édouard, est un pays de montagnes, deau et de côtes. Occupée par des massifs rocheux en son centre, elle noffre que de très faibles possibilités à lhabitat humain de se développer. En fait, elle est peuplée à moins du cinquième de son territoire et ce nest que sur sa bande côtière que sest développée loccupation humaine.
La Gaspésie sest formée en des temps aussi reculés que le Cambrien (500 millions dannées AA) et le Dévonien (400 millions dannées AA). Au début, la masse terrestre se regroupe sous les tropiques sud du globe terrestre en un super continent appelé Utopia. Existe en son centre une mer immense, Iapétus, qui sétend du Labrador au golfe du Mexique et au fond de laquelle se déposent des sédiments pendant des millions dannées. À la fin du Dévonien, les berges de Iapétus se rétrécissent sous laction dune dérive continentale. Pendant 150 millions dannées, le fond de la mer se relève verticalement en une chaîne plissée. Deux mouvements décrasement lithique donnent finalement la chaîne des Appalaches. De cette époque date le Mont-Albert qui culmine à 1 144 mètres.
À ce moment, seule la partie nord de la péninsule est émergée. Le reste, en allant vers la Baie des Chaleurs et comprenant le nord du Nouveau-Brunswick, demeure sous leau. Cest une immense mer de corail. Les sommets de volcans en activité pointent ici et là à travers la surface du vaste plan deau chaude. Les cônes des monts Alexandre, à mi-chemin entre Chandler et Murdochville, Lyall, derrière Sainte-Anne-des-Monts, de lObservatoire, entre Murdochville et Chandler, et des montagnes de Sainte-Marguerite, en arrière de Matapédia, sélèvent au milieu de récifs de corail et sur des couches de sédiments. Puis, 390 millions dannées AA, la partie sud de la Gaspésie sort lentement de leau. Elle présente ni plus ni moins la forme dun plateau accidenté qui descend en pente douce vers la Baie des Chaleurs.
Aujourdhui, lorientation des Appalaches, du nord-est vers le sud-ouest, est la même que celle de la péninsule. En leur centre, plusieurs groupes de montagnes découpent le paysage. Les Monts-Notre-Dame, aussi appelés Chic-Chocs, sont situés au sud de Sainte-Anne-des-Monts et se situent parallèlement au fleuve Saint-Laurent. Plusieurs montagnes de cette chaîne ont comme caractéristique de présenter des sommets très plats. Cest le cas des monts Logan, Bayfield, Lyall et Albert. Signalons également les Monts McGerrigle dont fait partie le mont Jacques-Cartier, le plus élevé de la Gaspésie avec ses 1 270 mètres.
La côte gaspésienne se démarque considérablement si elle est vue des côtés nord et est de la péninsule ou de son versant sud. Au nord, de Sainte-Anne-des-Monts jusquà Mont-Saint-Pierre, elle se découpe en terrasses marines de plus en plus étroites en allant vers lest. Elles ont été formées il y a plusieurs millénaires par les eaux dune mer plus élevée. Les humains ont pu sy installer et développer une agriculture de subsistance et même, dans plusieurs cas, commerciale. Passé Mont-Saint-Pierre, les Appalaches plongent carrément dans le fleuve Saint-Laurent. Une cassure de la croûte ouvre le flanc des montagnes et montre ses roches à vif, avec leurs plissures. De profondes vallées encaissées, comme au Mont-Louis, à Mont-Saint-Pierre et à lAnse-Pleureuse, ont été formées par le mouvement de glaces qui dominaient les montagnes de lintérieur aux cours des dernières glaciations du globe. Comme il a peu de place ici pour lagriculture, lespace a été récupéré par les humains pour développer quelques centres de pêche.
À lextrémité de la péninsule, juste avant darriver à la pointe de Forillon, se trouvent quelques villages où lhomme a longtemps vécu de la mer. Il existe aussi une petite vallée, celle de lAnse-au-Griffon, un cas à part où la population a pu se livrer avec profit au siècle dernier à une agriculture de subsistance et au travail de la forêt. La baie de Gaspé, tout près, est une immense échancrure qui entre sur quarante kilomètres dans les terres et qui déchire le paysage. Entourée de montagnes, elle laisse peu de place aux activités agricoles. Aussi, se trouvait-on là, aux siècles précédents, au cur du royaume de la morue.
Du côté sud de la péninsule, en partant de Percé, le plateau qui descend en pente douce depuis lintérieur des terres ne domine par endroit la Baie des Chaleurs que de quelques mètres. En dautres endroits, comme à Percé et à Miguasha, ses caps, dun rouge marqué, sont grugés par les grosses marées et reculent lentement avec lérosion. De fortes baies, comme à Port-Daniel, Grande-Rivière, Carleton et Bonaventure, offrent tout lespace voulu pour des développements humains. Ici dominent lagriculture et certaines activités de pêche.
Une multitude de cours deau ravinent les montagnes et se déversent sur tous les versants de la péninsule. Les rivières les plus torrentueuses descendent le côté nord des Appalaches, mais presque toutes peuvent quand même être remontées en canot sur plusieurs kilomètres. Ainsi se présentent les rivières Cap-Chat, Sainte-Anne et Madeleine. Celles qui tombent dans la baie de Gaspé, les rivières Dartmouth, York et Saint-Jean, ont des parcours plus adoucis. Les plus longues rivières gaspésiennes se déchargent du côté sud de la péninsule, moins accidenté. La rivière Grande-Cascapédia offre le parcours le plus étendu avec ses cinquante-huit kilomètres.
L’embouchure des cours deau est souvent très profonde et permet des aménagements portuaires importants. La baie de Gaspé offre à cet égard un des abris naturels pour les navires parmi les plus considérables au pays, bien quencore sous-exploité. Quelques aménagements, des jetées de pierre, ont suffi pour abriter les bateaux de Rivière-au-Renard, Cap-Chat, Grande-Rivière et Chandler. Les autres sorties des rivières présentent souvent pour les barques de pêche des abris naturels, ou bancs de sable, que les Gaspésiens ont utilisés pendant des générations, au temps de la pêche artisanale. Depuis les années 1950, tout un réseau de quais a été construit dans les villages côtiers pour permettre le débarquement des prises sans quil soit pour la plupart nécessaire de se livrer à des travaux de dragage. Des ports de plaisance ceinturent la péninsule. Ils ont été aménagés à Cap-Chat, Gaspé, Chandler, Bonaventure, Saint-Siméon, Carleton.
Tous ces cours deau donnent accès à des réserves forestières et ils ont, aux XIX et XXes siècles, servi au flottage du bois. Cest le cas des rivières Cap-Chat, Sainte-Anne, Dartmouth, Bonaventure et Cascapédia. Chaque rivière actionnait à cette époque un, voire même plusieurs moulins à scie. Cest le cas, entre autres cours deau, des rivières Sainte-Anne, Madeleine, au Renard, Griffon, Pabos, Maria, Nouvelle, etc. Et quand lindustrialisation a fait son apparition, cest à lembouchure des rivières Madeleine, Pabos et Petite-Cascapédia quont été érigés les moulins de pâte à papier. La majorité de ces rivières ont aussi été, et le sont toujours, exploitées pour leur potentiel récréo-touristique. La pêche au saumon a attiré très tôt une riche clientèle, hommes daffaires canadiens ou étrangers, hauts fonctionnaires du gouvernement et hommes politiques denvergure canadienne, qui ont été à la source dune renommée internationale pour la York, la Bonaventure et la Ristigouche en particulier.
La péninsule gaspésienne compte parmi les plus vieilles régions géographiques de la province de Québec. Vaste et peu habitée en raison dune géomorphologie sévère, elle laisse à lhomme une bande côtière que ce dernier a su aménager au cours des siècles et exploiter à son profit.
Mario Mimeault, MA Histoire
Chercheur indépendant,
Gaspé, le 27 juin 2002
Source : http://encyclobec.ca/region_projet.php?projetid=317
Voir les vidéos de la maison à vendre :
Voir les photos de la maison à vendre :