On connaît bien lexpression « recherche internationale ». Faudra-t-il maintenant parler de « recherche interplanétaire »!? Peut-être! Comment appeler autrement une recherche sur la géographie terrestre qui sert à mieux comprendre la planète Mars?
Professeur en géographie à lUQAR, Bernard Hétu a supervisé dans les années 1990 des recherches sur la dynamique des versants dans les montagnes de la Gaspésie, près du village de Mont-Saint-Pierre. Ces recherches fondées sur un programme dobservation en continu avaient permis de découvrir un nouveau type de coulées de pierraille, baptisées coulées de pierres glacées. « Ce nom, explique Bernard Hétu, a été choisi pour souligner le rôle du givre dans la mise en marche des coulées. Quant la température atteint le point de congélation, il se forme un givre sur les pierres à partir du brouillard atmosphérique et parfois aussi de la bruine verglaçante. Ce givre lubrifie les pierres du talus qui peuvent alors être entraînées vers le bas, rapidement et en quantités importantes, dans des coulées en forme de doigt, mues par en effet domino. Nous avons observé le phénomène à quelques reprises, avec la collaboration de l’étudiant Pierre Vandelac. »
Les résultats des recherches de M. Hétu dans le Parc de la Gaspésie sont maintenant utilisés par un chercheur en géographie de lUniversité de Lethbridge, M. Chris H. Hugenholtz, afin de mieux comprendre les processus de versants qui sont actifs présentement sur la planète Mars. Ce chercheur albertain vient dailleurs de publier un article scientifique sur la question dans Icarus (numéro 197, http://icarus.cornell.edu/), une revue internationale qui se spécialise dans létude du système solaire. Il fait largement référence aux publications de Bernard Hétu parues dans la revue Géographie physique et Quaternaire.
Meilleure résolution
« Avec les satellites qui tournent en permanence autour de la planète Mars et les caméras de plus en plus précises qui les équipent, on réussit à observer des détails quon ne pouvait pas voir auparavant », fait remarquer Bernard Hétu. « Certains aspects du relief changent rapidement et on peut noter les différences dune année à lautre. »
Sur des photos très précises du sol martien, prises à différents intervalles, le professeur Hugenholtz a donc observé des coulées de pierres dans différents ravins. Ce quil a traduit par : frosted granular flow. Selon le chercheur de Lethbridge, les coulées martiennes présentent plusieurs analogies avec les coulées de pierres glacées des pentes gaspésiennes.
Mais, direz-vous, puisque cest le givre qui donne aux coulées de pierres glacées la fluidité qui leur permet de glisser sur des centaines de mètres sur les pentes des montagnes, comment le phénomène peut-il exister sur Mars? On sait quil ny a pas deau sur Mars à lépoque actuelle, du moins en surface! Le givre est formé deau, dair et de glace, ce quon trouve en abondance sur Terre. Alors, comment un phénomène météorologique semblable pourrait-il se produire sur Mars sil ny a pas deau pour former de la glace? Selon lhypothèse de M. Hugenholtz, le givre qui causerait les coulées de pierres sur Mars ne serait pas formé deau, mais plutôt de gaz carbonique. Lorsque ce gaz atteint des températures près du point de congélation, à certaines latitudes, dans des zones en pentes, les pierres se mettraient à glisser selon un phénomène analogue à celui des montagnes gaspésiennes.
« Avec les technologies dobservation modernes, constate Bernard Hétu, je pense quil se fera de plus en plus de comparaisons entre la Terre et dautres objets du système solaire, comme Mars, Titan, ou Io. Pergélisol, dynamique des versants et des cours deau, volcanisme, compositions des sols : les connaissances que nous avons de la Terre pourront de plus en plus servir à mieux comprendre dautres parties de notre système solaire. Et la géographie physique se trouve au premier plan de ce nouveau champ dinvestigation. »
Mario Bélanger
source : UQAR INFO 2009 https://www.uqar.ca/nouvelles/uqar-info/
Voir les vidéos de la maison à vendre :
Voir les photos de la maison à vendre :